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arrivée à stockholm.

dire et vous témoigner toute la reconnaissance et l’amitié que je vous porte. Il me semble avoir trouvé en Suède une nouvelle patrie, une nouvelle famille, au moment de ma vie où j’en avais le plus besoin… »


Les conférences de Sophie eurent, ainsi que je l’ai déjà dit, un caractère strictement privé pendant le premier hiver, et furent faites en allemand. Cependant leur effet fut si grand, que Mittag-Leffler parvint à réunir l’adhésion d’un nombre d’auditeurs suffisant, pour assurer à Sophie une place officielle de professeur pendant une durée de cinq ans. Un traitement de deux mille couronnes lui fut alloué par l’École supérieure, et vint se joindre aux deux mille couronnes assurées par ses auditeurs ; elle eut ainsi des appointements fixes de quatre mille couronnes par an. Sa situation de fortune ne lui permettait plus de travailler sans rétribution, ainsi qu’elle l’avait d’abord si généreusement offert, mais la question économique n’était pas la seule difficulté qu’eût soulevée sa nomination. Il s’agissait surtout de vaincre une opposition conservatrice, qui s’élevait naturellement contre la nomination d’une femme au poste de professeur, chose dont aucune Université n’avait donné l’exemple. Il n’eût cependant pas été impossible de nommer Sophie professeur à vie, mais Mittag-Leffler, en présence des difficultés qu’il rencontra, préféra remettre ses démarches à une époque plus favorable ; il obtint effectivement cette nomination