pela tout à coup les soins qu’il avait reçus du vieillard, la tendresse dont il avait été entouré, les conseils utiles qui lui avaient été donnés ; tous les souvenirs de ses jeunes années semblèrent se réveiller pour faire cortège au vieillard. Saisi de respect et d’une reconnaissance pieuse, son cœur se fendit ; il découvrit sa tête et étendit les bras en pleurant.
— Mon père ! s’écria-t-il… Rendez-moi mon père !… et que Dieu ait pitié de moi !
§ 8.
Plusieurs mois s’étaient écoulés ; le soleil commençait à baisser à l’horizon et ses dernières lueurs étincelaient joyeusement sur la forêt de Vaujour ; mais l’on n’entendait dans la campagne aucun des bruits qui ordinairement l’animent à cette heure : point de cri d’appel, aucun mugissement de troupeaux, nul son de cloche avertissant de prier avant la fin du jour ! Les champs étaient déserts, les maisons fermées et muettes ! On eût dit que quelque grand désastre pesait sur la contrée entière.
Or, ce désastre, c’était la guerre ! et la plus affreuse de toutes ; une guerre où les ennemis parlent la même langue et se sont embrassés la veille ; une guerre entre voisins !
La vente faite par le comte Raoul au duc de Vaujour n’avait point tardé à amener des querelles entre les deux seigneurs. Chacun d’eux se plaignait de la