Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/153

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ce n’est une patrie qu’ils voulaient défendre, et qu’accoutumé de bonne heure à mieux aimer sa race que sa propre personne, il repoussait de tous ses instincts le joug de l’étranger, et voulait conserver, fût-ce au prix de sa vie, ce qui faisait alors la nation, c’est-à-dire le roi, le drapeau et les saints patrons de la France !


§ 2.


En arrivant en Champagne, Remy comprit qu’il approchait du champ de bataille sur lequel se décidait le sort du royaume. Toutes les villes étaient en état de défense, les villages gardés par des paysans, et les routes couvertes par des troupes d’hommes d’armes ou de francs-archers. Il rencontra même, près de Vassy, un parc d’artillerie, composé de petits canons et de deux couleuvrines de vingt-quatre pieds de longueur, avec lesquelles on s’exerçait à tirer sur le mât d’un bateau placé au milieu de la Marne. C’étaient des Bourguignons détachés de la garnison de Troyes.

Lorsqu’il arriva au couvent, il fallut subir un interrogatoire avant qu’on lui permît d’entrer. Enfin le Père Cyrille fut averti et descendit au parloir.

Le Père Cyrille exerçait dans le couvent des fonctions qui eussent été proclamées incompatibles partout ailleurs. Il était à la fois médecin, astrologue, chirurgien, et même, au dire des moines les plus ignorants, quelque peu sorcier. Il se présenta à Remy