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au bord du lac.

même temps si soigneux d’éviter tout nouveau service, qu’on aurait rougi de lui faire sentir sa position d’obligé.

Quand il eut atteint sa dix-neuvième année, M. Kartmann le fit passer parmi les contremaîtres. Il était si sobre et si rangé, que, tout en s’habillant beaucoup plus proprement que ses camarades d’atelier, il ne tarda pas à réaliser quelques économies qu’il employa à acheter les livres, les instruments de mathématiques et les fournitures de classe dont il avait besoin. Ce fut une grande joie pour lui quand il put subvenir à ces dépenses et diminuer ainsi la charge qu’avait bien voulu prendre son chef. L’avenir ne l’inquiétait plus ; quel qu’il fût, il avait maintenant des ressources qui ne devaient jamais lui manquer. Pourvu que la main de Dieu ne se retirât pas de lui et que la maladie ne vînt point le frapper, il ne craignait rien, car tous les moyens humains de réussite étaient en son pouvoir.


§ 7.


C’était par une de ces chaudes et claires soirées si communes à Mulhouse, à cette heure où les ouvriers quittant leurs fabriques, montent sur les coteaux qui bordent le canal et y font entendre des chœurs qui, de là, vont se prolongeant dans toute la vallée.

Frédéric, un carton sur ses genoux, mettait au net une épure qu’il avait dessinée dans la journée. Lui aussi aurait aimé les chants et la promenade ! Quand