Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/105

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Il le conduisit ensuite au cours de géographie, où la terre avait été figurée en relief, afin que les élèves pussent se faire une idée plus exacte de sa beauté et de sa grandeur. Les montagnes y étaient représentées par des taupinières, les fleuves par des tubes de baromètre, et les forêts vierges par des semis de cresson étiquetés. On y voyait la représentation des villes en carton, et de petits volcans de fer-blanc, au fond desquels fumaient des veilleuses sans mèches.

Une salle voisine contenait tout le système planétaire, en taffetas gommé, et mis en mouvement par une machine à vapeur de la force de deux ânes. Il avait seulement été impossible de conserver aux différents corps célestes leur dimension proportionnelle, leurs distances respectives et leurs mouvements réels : mais les élèves, avertis de ces légères imperfections, n’en étaient pas moins aidés à comprendre ce qui était, par la représentation de ce qui n’était pas.

Un musée général complétait ces moyens d’instruction du grand collège de Sans-Pair. On y avait réuni des échantillons de toutes les productions naturelles et de toutes les industries humaines. Ce que l’enfant n’apprenait autrefois qu’en vivant et par l’usage, lui était ainsi artificiellement enseigné ; il avait sur la main la création entière par cases numérotées. On lui montrait un échantillon de l’Océan dans une carafe : la chute du Niagara dans un fragment de rocher ; les mines d’or de l’Amérique du Sud au fond d’un cornet de sable jaunâtre. Il étudiait l’agriculture dans une armoire vitrée ; les différentes industries sur les rayons d’un casier et les machines, d’après de petits modèles exposés sous des cloches à fromage. Le monde entier avait été réduit, pour sa commodité, à une trousse d’échantillons : il l’ap-