Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/283

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rent après des biscuits, et une pyramide au fond : c’est le désert.

Kléber et Astarbé, et le vieux Achmet, qui, en sa qualité de mort embaumé, joue un personnage muet, arrivent sur leur coursier qui boite. Tous trois succombent à la fatigue. Ils s’arrêtent, et Astarbé, prise d’une sorte de délire, se met à murmurer :

Pourquoi nous reposer, quand là-bas, près du puits,
Je vois l’ombrage frais des grands palmiers, et puis
La maison où l’on donne aux hôtes sans monnaie
Des riz au lait sucrés qu’un remercîment paye ;
Où la femme modeste, en gardant la maison,
Fait le bonheur d’un homme et file du coton

kléber.

Astarbé ! que dis-tu ? Dieu ! regarde ! l’espace
Est brûlant !

astarbé.

Est brûlant ! Je voudrais un sorbet à la glace !

kléber.

N’entends-tu pas venir le Simoun destructeur ?

astarbé.

Je voudrais une rose à mettre sur mon cœur.

Kléber s’efforce de gagner l’ombre de la grande pyramide ; mais la trombe de paille hachée atteint le cheval, l’emporte et laisse à pied le mort et les vivants.

Kléber, au désespoir, appelle son armée. Il énumère ses exploits, ce qui est toujours agréable pour un militaire, et ne s’arrête qu’à un bruit de chevaux ; il en conclut que ce sont ses braves dromadaires qui l’ont entendu, et il fait un mouvement de joie ; mais il reconnaît, presque aussitôt, le soudan et sa cavalerie. On le somme de se rendre ; il refuse et va périr avec sa femme, lorsque le Nil, qui est ar-