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Outre plusieurs autres talents de société, le grand aigle sait porter les lettres, tourner la broche et pêcher à la ligne.

Après avoir suivi ses exercices d’un regard distrait, le soudan jette une bourse d’or à l’Éthiopien, renvoie tout le monde, et, resté seul, tire de son sein une pantoufle qu’il baise avec délire.

Cette pantoufle a été trouvée par lui le jour où il a aperçu Astarbé au bain ; elle appartient à la fille d’Achmet, et sa vue entretient l’amour du soudan.

Après l’avoir longtemps contemplée, il la pose près de lui, prend sa guitare et chante les paroles suivantes sur un air copte, autrefois composé par Mlle Loïsa Puget.


CHANT DE LA BABOUCHE.


Ô babouche trop connue !
Là je te vois étendue
Là je À mes pieds
Là je Repliés ;
Mais si c’était ta maîtresse,
Que serait-ce ? que serait-ce ?


Babouche, quand je te baise,
J’ai dans l’âme une fournaise !
J’ai dDans mes sens,
J’ai dDes volcans !
Mais si c’était ta maîtresse !
Que serait-ce ? que serait-ce ?


Mais quelque jour, ma charmante
Pour compenser tant d’attente,
PourTant d’ennuis,
PourSi je puis
Voir Astarbé face à face,
Que sera-ce ? que sera-ce ?.