Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/347

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Au contraire, le travail est un devoir.

— C’est ce que je répète toujours à ma fille et à sa mère. Le travail, que je leur dis, est un devoir pour la femme… Mais, voyez-vous, la maman a des croyances ; elle veut que sa fille fasse sa première communion ; moi, je ne vais pas à l’encontre, parce que la croyance, c’est, sans comparaison, comme le vin ; faut respecter ceux qui en ont trop pris et les laisser marcher de travers. Si bien donc, que je suis allé trouver le curé de notre paroisse, et que je lui ai dit la chose.

— Et il vous a répondu…

— Ah ! voilà le curieux !… Il m’a répondu que pour communier il fallait savoir ce qu’on faisait.

— C’est-à-dire, assister au catéchisme ?

— Juste ! assister au catéchisme à l’heure où elle travaille avec sa mère ! Mais, mon curé, que je lui ai dit, vous voulez donc nous faire mourir de soif ? Si la petite est obligée d’aller chez vous, l’ouvrage restera forcément en arrière. — Il faut qu’elle apprenne sa religion, qu’il me répond. — Je veux bien, pourvu que ce soit en cardant des matelas, que je lui redis… Il me semble que c’était clair comme bonjour ! Eh bien, il n’a pas compris !

L’abbé Coulant haussa les épaules.

— Cela devait être, dit-il ; le clergé n’entend rien aux besoins du peuple. Amenez-moi votre fille, et je la ferai communier.

— Sans l’instruire ?

— À quoi bon, ce n’est point la science qui est agréable à Dieu. L’Église nationale ne demande que la bonne volonté.

Soiffard frappa ses mains l’une contre l’autre :

— Voilà la religion de mon choix ! s’écria-t-il. Rien que