Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1859.djvu/45

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« Eh ! c’est M. Blaguefort, dit l’académicien en répondant aux empressements du nouveau venu avec une certaine supériorité protectrice ; un de nos hommes d’affaires les plus répandus. »

Et, lui montrant de la main Marthe et Maurice :

« Je vous présente, continua-t-il, un couple des anciens temps…

— Les Parisiens d’Omnivore ? interrompit Blaguefort, qui les avait déjà examinés ; je les ai manques de trois minutes. J’avais appris leur résurrection, et j’accourais pour offrir à leur propriétaire de les mettre en actions. J’aurais exploité cette entreprise avec celle des télégraphes lunaires ! mais vous aviez déjà traité. Excellente affaire, Monsieur ! vous pouvez gagner six mille pour cent. »

M. Atout fit observer qu’il ne s’agissait point d’une spéculation ; que le réveil des deux époux devait seulement profiter à la science, et que c’était dans ce but qu’il les conduisait à l’île du Budget. Blaguefort cligna de l’œil.

« Bien, bien, dit-il, vous avez un autre projet… Vous espérez tirer davantage. Mon Dieu ! c’est votre droit… Vous comprenez que ce n’est pas moi qui irai vous élever une concurrence ; d’autant que j’ai donné une nouvelle extension à mes affaires. Depuis que nous nous sommes rencontrés au cap de Bonne-Espérance, j’ai formé une société anonyme pour exploiter le brevet du docteur Naso ! Vous savez, ce Péruvien qui vient d’inventer un corset orthopédique pour les nez déviés. Mais pardon : voici un voyageur à qui j’avais donné un prospectus et qui désire me parler. »