Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/124

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de classicisme, sans qu’une seule soit originale et ne fausse grossièrement un des côtés du symbolisme même. Ni Verhaeren, ni Griffin n’avaient attendu M. Gregh pour créer de l’ « humanisme » qui soit de la poésie haute et neuve ; ni André Gide, Paul Fort, Jammes, Ghéon n’avaient attendu M. Saint-Georges de Bouhélier pour créer du « naturisme » qui ne soit pas de la rhétorique génevoise ; ni Paul Claudel, Stuart Merrill, Saint-Pol-Roux, Albert Mockel ou Adrien Mithouard n’avaient attendu M. Lacuzon pour créer de « l’intégralisme » qui ne perde pas l’expression lyrique ; ni Samain ou Guérin n’avaient attendu les uns ou les autres pour créer un « néo-romantisme » qui ne soit pas tout extérieur ; ni Marcel Schwob, Moréas, Ducoté, Pierre Louys, Van Lerberghe n’avaient attendu MM. Louis Bertrand et Joachim Gasquet pour créer, dans des sens divers, un « néo-classicisme » qui ne soit pas d’une ordonnance inexpressive, pompeuse ou stricte, uniforme.

Mais on eût dit que chaque faiseur d’échantillons s’ingéniait à ces découpures dans la grande bannière où les symbolistes les mêlaient d’une seule trame anonyme, pour tâter la lâcheté publique, pour flatter le goût public d’intérêts plus bornés, pour défigurer mieux la vaste poésie, mal comprise et mal suivie de la foule dans son absolu déploiement…

Il faut bien s’en rendre compte — et l’atteste crûment la qualité des armes éparses — le dévergondage de ces attaques protège le bas travail des boutiques contre le désintéressement et contre l’austérité de l’art.

Dans les boutiques, désintéressement est pauvreté, austérité est stérilité.