Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/17

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hôpitaux. Dans une ode somptueuse au poète, M. Albert Mérat chantait « après une lecture du Testament poetique » :

Tu dédaignes dans tes algèbres

De disséquer jusqu’aux vertèbres

Ces invertébrés de notre art.

Le temps qui nous juge et nous classe

Mettra les choses en leur place,

Et l’on se comptera plus tard !

Et cela paraissait dans la Revue des Poètes !

Les héritiers de M. Sully-Prudhomme,’ comme tous les héritiers, furent très ingrats ; ils ne se contentèrent pas du maigre héritage d’un académicien, ils voulurent que tous les académiciens modifiassent le « Testament ». Etant avéré que nous étions bien morts, on pouvait donc parler de réformes, de réformes « raisonnables », dûment sanctionnées, estampillées par l’Académie, des réformes qui ne réforment rien, des réformes de tout repos… Et la Revue de Paris enregistra La réforme de la Prosodie (l ’ Académie — compétente ! — devant l’exécuter) où il était mentionné que la « réforme proposée ne saurait avoir le rythme pour objet » !…

En attendant, M. Adolphe Boschot jetait aux égouts les œuvres des morts, de ces morts qui, lorsqu’ils étaient en vie, « brodaient avec des lainages mal séchés, dégouttants encore de la couleur mère et qui, eux-mêmes, au bout de quelques semaines, ne reconnaissaient plus leur ouvrage, où tout s’était brouillé (. ? ?) »

Le grand événement de l’année fut le Congrès des Poètes, (ô souvenir bruyant du Congrès de la Jeunesse !) qui pour la première fois s’efforça d’appliquer le parlementarisme à la