Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/25

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haut, rien n’émut nos cadavres, ni « Centenaire », ni batailles d’écoles, rien : les morts s’obstinaient dans leur silence.

Voici 1903 ! ne croyez pas que les glas faiblissent ; la corde de la cloche est plus énergiquement défendue que la hampe du drapeau dans la mêlée : on trouve toujours des bras pour sonner la cloche sur des morts…

Dès janvier, La Revue des Poètes au beau nom imprimait :

« Notre bon sens national, dans la personne de nos plus glorieux écrivains, proteste contre ce byzantinisme énervé ! Toute cette école symboliste est infestée d’exotisme. C’est ce qu’il faut crier bien haut dans le public. Ces poètes, à qui la mode et la réclame ont fait une réputation chez nous, n’ont de français, ni l’esprit, ni le sentiment, ni la langue, ni même le nom. Comment des Français pourraient-ils les comprendre ? »

Puis M. Eugène Hollande, à la pensée noble, très lyriquement, selon les traditions, chantait :

« Vous, petits grimaciers qui voulez qu’on s’écrie

Et qu’on vous trouve beaux quand vous faites les laids,

Cessez donc d’enfourcher vos risibles mulets,

Ou plutôt, simplement, allez à pied, en prose. »

Celui-ci avait oublié qu’hélas ! nous étions privés définitivement de toute monture et même de nos jambes. Mais MM. Poinsot etNormandy, les organisateurs du « Congrès des Poètes », écrivaient pour mieux faire comprendre les Tendances de la Poésie nouvelle :