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a) Eaux.

Les eaux potables de Gérardmer sont d’une pureté remarquable. Recueillies sur un sol granitique, elles ne renferment aucun principe ni calcaire ni salin. Elles ont une saveur fade et fatiguent parfois les estomacs habitués à d’autres eaux. M. le professeur Garnier, qui a bien voulu examiner ces eaux, n’y a trouvé qu’un résidu insignifiant, d’accord avec les résultats de l’analyse des eaux de source provenant de terrains de grès.

En dehors des eaux de source, d’origine profonde, les habitants de la montagne boivent des eaux de fontaine, qu’ils amènent dans leurs demeures et qui proviennent de tourbières où elles ont été en contact avec des matières organiques en décomposition. Cependant ces eaux ne contiennent pas la moindre trace d’hydrogène sulfuré ; les traces de fer qu’on y rencontre sont moins fortes que la quantité qui s’en trouve dans la plupart des eaux de notre région. En résumé, ces eaux sont très faiblement minéralisées.

b) Lait.

Les prairies et les pâturages alimentent environ 2 000 têtes de bétail, dont le lait produit annuellement près de 900 000 kilogr. de fromage. Le lait le plus pur, mais qui ne sert qu’à la fabrication du beurre et surtout du fromage, est fourni par des troupeaux qui passent une partie de l’année sur les Hautes-Chaumes, à 3 000 ou 4 000 pieds au-dessus du niveau de la mer, dans les endroits où les arbres ne poussent plus. On trouve là des métairies ou fromageries, et le marquard y amène deux fois par jour le troupeau. Ces étables sont tenues très proprement ; elles sont soigneusement lavées ; l’air y est pur. Aussi les vaches qui pâturent sur les hauteurs ont-elles, grâce à l’exercice qu’elles prennent et à l’excellente qualité des herbes dont elles se nourrissent, un embonpoint qui fait l’admiration de tous les visiteurs.

Mais quittons les Hautes-Chaumes, où se trouvaient quelques troupeaux isolés, et revenons aux habitations de la montagne. Quand on jette un coup d’œil sur les riantes prairies, sur les verts pâturages qui entourent chaque ferme, on est tout étonné de ne pas y voir paître de troupeaux. C’est que les vaches ne sortent jamais de leur étable ; elles sont absolument stabulées et dans des conditions déplorables. On dirait qu’on a redouté pour ces pauvres bêtes l’influence de l’air pur, de la lumière et du soleil.