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ÉTHIQUE

de Dieu, il ne suit pas moins de sa perfection que les choses n’ont pu être créées par Dieu d’aucune autre manière et dans aucun autre ordre. Il sera facile de le montrer si nous avons égard en premier lieu à ce qu’eux-mêmes concèdent, à savoir, qu’il dépend du seul décret et de la seule volonté de Dieu que chaque chose qui est, soit ce qu’elle est. S’il en était autrement en effet, Dieu ne serait pas cause de toutes choses. En second lieu, ils accordent aussi que tous les décrets de Dieu ont été arrêtés par Dieu même de toute éternité. S’il en était autrement, de l’imperfection et de l’inconstance seraient imputées à Dieu. Dans l’éternité il n’y a d’ailleurs ni quand, ni avant, ni après ; il suit donc de là, c’est-à-dire de la seule perfection de Dieu, que Dieu ne peut ni n’a pu jamais décréter autre chose ; en d’autres termes que Dieu n’existe pas antérieurement à ses décrets et ne peut exister sans eux. Mais, diront-ils, quand même on supposerait que Dieu eût fait une autre nature des choses, ou qu’il eût de toute éternité décrété autre chose sur la Nature et sur son ordre, il ne s’ensuivrait en Dieu aucune imperfection. Je ré-