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NOTICE SUR L’ÉTHIQUE.

toute détermination extérieure et de faire son salut, c’est-à-dire de trouver la joie dans l’amour intellectuel de soi-même et de Dieu (à ce degré c’est tout un).

Dès la fin de 1674 et en 1675, nous voyons par la correspondance de Spinoza que la nouvelle rédaction de l’Éthique est terminée[1] et que des copies du manuscrit original sont entre les mains non seulement de ses premiers amis, mais de jeunes gens récemment entrés en relation avec lui, tels que Tschirnhaus et Schuller[2]. En dépit des attaques violentes dirigées contre le Traité Théologico-Politique, des condamnations prononcées par tous les synodes des Pays-Bas, des mesures prises pour empêcher la publication d’un nouvel et plus dangereux ouvrage du même auteur[3], Spinoza

  1. Spinoza aurait probablement retouché le texte en maint passage s’il avait pu en surveiller lui-même l’impression ; les divers manuscrits qui ont servi à la publication tant du texte latin que de la traduction hollandaise (voir plus loin) n’étaient pas parfaitement identiques et aucun d’eux n’était irréprochable, autant qu’on en peut juger.
  2. Lettres 57, 58, 59, 60, 63, 64, 65, 66. Tschirnhaus est assez connu comme amateur de science et de philosophie pour qu’il soit inutile de rien dire ici de lui. Quant à Schuller, né en 1651 à Wesel, bien qu’il eût étudié et exerçât même la médecine (voir note, p. 13), il s’occupait surtout d’alchimie, comme le montre sa correspondance avec Leibniz. Sans grande culture (on en peut juger par son latin) et d’esprit assez médiocre, il avait de la curiosité à l’endroit de la philosophie et sut gagner la confiance de Spinoza qu’il mit en rapport avec Tschirnhaus et Leibniz. Il prit une certaine part, qu’on a parfois exagérée, à la publication des Œuvres posthumes. Au nombre des personnes qui eussent voulu avoir communication de l’Éthique manuscrite, on sait qu’il faut compter Leibniz ; mais Spinoza, un peu méfiant, ne voulut pas que Tschirnhaus la lui donnât à lire ; lui-même cependant, lors de la visite mémorable que lui fit Leibniz, lui montra son manuscrit et lui en lut plusieurs passages.
  3. Voir les décisions prises par les synodes et les conseils presbytéraux dans Freudenthal, Die Lefensgeschichte Spinoza’s