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ÉTHIQUE

viennent, en tant qu’ils affectent le Corps. C’est de la manière correspondante en effet que le Corps a été affecté le plus fortement, l’ayant été par chaque être singulier, c’est cela que l’Âme exprime par le nom d’homme, et qu’elle affirme d’une infinité d’êtres singuliers. Car, nous l’avons dit, elle ne peut imaginer le nombre déterminé des êtres singuliers. Mais on doit noter que ces notions ne sont pas formées par tous de la même manière ; elles varient en chacun corrélativement avec la chose par laquelle le Corps a été plus souvent affecté et que l’Âme imagine ou se rappelle le plus aisément. Ceux qui, par exemple, ont plus souvent considéré avec étonnement la stature des hommes, entendront sous le nom d’homme un animal de stature droite ; pour ceux qui ont accoutumé de considérer autre chose, ils formeront des hommes une autre image commune, savoir : l’homme est un animal doué du rire ; un animal à deux pieds sans plumes ; un animal raisonnable ; et ainsi pour les autres objets, chacun formera, suivant la disposition de son corps, des images générales des choses.