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DE L’ORIGINE ET DE LA NATURE DES AFFECTIONS

que de son esprit et que pour cette cause les hommes sont insupportables les uns aux autres. Et de là encore il suit que les hommes sont de nature envieux (voir Scolie de la Prop. 24 et Scolie de la Prop. 32), c’est-à-dire qu’ils s’épanouissent de la faiblesse de leurs pareils et se contristent de leur vertu. Toutes les fois en effet que l’on imagine ses propres actions, on est affecté de Joie (Prop. 53) et d’autant plus que les actions expriment plus de perfection et qu’on les imagine plus distinctement ; c’est-à-dire (par ce qui est dit dans le Scolie 1 de la Prop. 40, p. II) qu’on peut davantage les distinguer des autres et les considérer comme des choses singulières. C’est pourquoi on sera épanoui au plus haut point par la considération de soi-même quand on considère en soi quelque chose que l’on nie des autres. Mais, si l’on rapporte à l’idée générale de l’homme ou de l’être vivant ce qu’on affirme de soi, on ne s’épanouira pas autant ; et l’on sera contristé, au contraire, si l’on imagine que ses actions comparées à celles des autres sont plus faibles. On s’efforcera