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notes

Définition XXXVIII. — La définition de la cruauté ne paraît pas entièrement conforme à celle qui est donnée dans le Scolie du Corollaire de la Proposition 41. Pour cette raison, Baensch propose de remplacer aliquis concilatur par concitamur. On a ainsi : la cruauté est un désir qui nous excite à faire du mal à celui que nous aimons ou qui nous inspire commisération. Je fais observer que, dans le Scolie visé, Spinoza ne dit pas que le cruel aime celui à qui il fait du mal, mais qu’au contraire la haine a prévalu en lui ; nous appelons cruel l’homme qui fait du mal sans motif à celui que nous aimons ou de qui nous avons pitié ; — telle est, je crois, la pensée de Spinoza.


Définition générale des affections. — En lisant cette définition et l’explication qui la suit, on observera que la part de vérité contenue dans la théorie dite périphérique de l’émotion est déjà impliquée dans la formule spinoziste. En ce qui concerne les troubles organiques considérés communément comme exprimant l’émotion, Spinoza déclare, il est vrai, dans le Scolie de la Proposition 59, qu’il n’en dit rien, parce qu’ils sont sans relation avec l’âme. Mais il ne faut pas entendre par là que ces troubles n’ont point de retentissement dans la conscience, — au contraire il y a nécessairement une idée de toute affection du corps ; autrement dit, à un certain état que traverse l’organisme correspond nécessairement une modification subie par l’âme ; mais la description d’un fait physiologique tel que le tremblement ne contribue en rien à nous éclairer sur la nature psychologique de l’émotion, car le tremblement n’est pas un mode de la pensée, il est un mode de l’étendue et, comme tel, ne peut servir à expliquer un état d’âme.


Partie IV

Préface. — Sur les notions de parfait et d’imparfait, de bien et de mal, voir le Court Traité (I, chap. x) et la note explicative correspondante (vol. I, p. 519).


Définitions III et IV. — La distinction admise par Spinoza entre le possible et le contingent correspond aux deux sortes de fictions ou d’idées forgées dont il parle dans le Traité de la réforme de l’entendement (§§ 54 et 57) : fictions relatives à l’existence, fictions relatives à l’essence.