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notes

coup ; dans le Scolie seulement, il est démontré que la mort est moins à craindre.


Propositions XLI et XLII. — La première de ces deux propositions exprime cette idée que, n’eût-on aucune connaissance de l’éternité de l’âme, la moralité et la religion et tout ce qui se rapporte à la fermeté d’âme et à la générosité n’en seraient pas moins la chose qui importe le plus ou mieux la seule qui importe ; cela est évident par cela seul que la santé vaut mieux que la maladie et l’être que le non-être (cf. Court Traité, II, chap. xxvi, § 4). La deuxième, dans laquelle on peut voir un résumé de toute la doctrine, fait voir que la béatitude n’est pas une récompense à obtenir, une fin à poursuivre, mais la condition, l’état, on peut dire naturel, d’une âme saine et libre : penser c’est agir ou produire, penser est une joie. Bienheureux celui qui pense ! le monde réel est à lui. Les deux dernières propositions de l’Éthique signifient l’une et l’autre que nulle sanction n’est admissible parce que, pour nous élever à la plus haute moralité, nous n’avons rien à sacrifier de ce qui est vraiment nôtre, non plus qu’à nous soumettre à une loi contrariant le développement de notre nature. La liberté se conquiert, elle ne s’achète pas ; pour posséder la vie éternelle, il nous faut croire, disait saint Paul, que Jésus est le fils de Dieu ; il nous faut savoir, dit Spinoza, que nous sommes Dieu.