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LA SUNAMITE.

GUEHAZI.

En est-il d’innocens, quand l’orgueil s’y mêle ?

LA SUNAMITE.

L’orgueil maternel ?

GUEHAZI.

N’importe : le Dieu d’Abraham punit aussi celui-là.

SEMIDA.

Guehazi, blâmerois-tu ma mère ? Élisée la blâmeroit-il ? Conduis-moi près de lui, que je lui dise combien elle m’aime ; combien elle me rend heureuse. C’est ma faute d’être quelquefois triste les jours de fête ; car c’est pour moi, pour moi seule que ma mère arrange tous ces plaisirs.

GUEHAZI.

Chère enfant, tu es quelquefois triste les jours de fête ; eh bien, tu seras consolée dans les jours de l’adversité. Qui sentit la tristesse que recèlent les joies humaines, connoîtra l’espérance que Dieu renferme encore au sein du malheur.

LA SUNAMITE.

Guehazi, ta jeunesse est sombre et sévère.