Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/145

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je lui lâchai ma bordée, aussitôt qu’il me fut possible ; car, morbleu ! je suis vif, et j’aime à faire feu le premier.

SABORD.

Oui, c’est pour cela que vous avez tiré à plus d’une demi-lieue.

LE CAPITAINE.

Veux-tu bien te taire ? — Il est vrai que cette décharge ne tua pas grand monde.

SABORD.

Pardonnez-moi : il tomba plus de six oiseaux de mer, que leur malheur avoit attirés près de notre bâtiment.

LE CAPITAINE.

Finiras-tu, maraud, avec tes impertinentes réflexions ? — Je reviens au fait L’ennemi étoit plus fort que moi ; je ne l’intimidai pas ; je lui envoyai une grêle de balles et de mitraille ; je fis préparer les grappins, et j’allois commander l’abordage, quand cette maudite frégate me lâcha sa bordée de tribord, et gagna le large en fuyant à toutes voiles. Je voulus courir après ; mais, ma foi, elle m’avoit démâté, et je restai planté en mer comme un terme. (à Sabord) Eh bien ! qu’en dites-vous, monsieur le mau-