Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/241

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SOPHIE.

Mais y pensez-vous, mon père, vous qui n’y avez jamais été ?

M. DE LA MORLIÈRE.

J’en conviens ; mais qu’est-ce que cela fait ? je me figure toujours y avoir passé ma vie.

SOPHIE.

Songez donc que si j’épouse M. d’Erville, il faudra que je me sépare de vous. Tel que je vous connois, vous parlerez toujours de voyage, et vous n’en ferez point.

M. DE LA MORLIÈRE.

Il est vrai que c’est mon imagination qui voyage, et que mes pieds ont un peu la goutte. Ne me trahis pas, Sophie ; à la maison j’aime assez le poêle, la bière et la pipe.

SOPHIE.

Mon père, savez-vous que ces trois choses-là sont terriblement allemandes ?

M. DE LA MORLIÈRE.

Ce sont de mauvaises habitudes dont il ne faut pas parler ; mais quand je te saurai en France, que je pourrai dire : ma fille, la comtesse d’Erville, me mande qu’on a donné telle pièce nouvelle, qu’il a paru tel livre, que le