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DANS LE DÉSERT.

Ismaël, revenant sur ses pas.

Ah ! ma mère, qu’ai-je vu ?

Agar.

Qu’as-tu donc, mon enfant ? ô ciel ! d’où vient que tu es si pâle ?

Ismaël.

Ah ! je ne peux plus me soutenir. J’ai peur.

Agar.

Mon enfant, parle donc. Comment puis-je te rassurer, si j’ignore la cause de ton effroi ?

Ismaël.

Je viens de voir un homme étendu sur le sable : il tenoit encore dans ses dents sa main à demi dévorée par lui-même ; il ne remuoit plus, et cependant il ne dormoit pas : il étoit comme ce vieillard que je vis porter dans la tombe l’année dernière, il étoit…

Agar.

Mort, mon fils : eh bien !…

Ismaël.

Mais, ma mère, cela ne se peut pas ; il n’étoit pas vieux ; viens le voir.

Agar.

À quoi bon, mon fils, puisque je ne peux plus le secourir ?