Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/314

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
296
SAPHO.

SAPHO.

Vous venez de la Sicile ?

LE MATELOT.

Oui, nous avons quitté ses fertiles rivages pour quelques jours, et bientôt, grâce aux dieux, nous irons les retrouver.

SAPHO.

Vous y retournerez ? Ah ! que vous êtes heureux ! Un jeune Grec… (à part.) Comment leur prononcer ce nom qui trahit toute ma destinée !… Un jeune Grec n’a-t-il pas frappé vos regards ?

LE MATELOT.

Nous communiquons sans cesse avec la Grèce, et ses habitans viennent souvent sur nos côtes.

SAPHO.

Oui, mais il ne ressemble à personne : quand il lève les yeux, on croit voir Apollon lançant ses traits contre le serpent ; quand sa tête est baissée, c’est Adonis, penché comme une fleur dont les vents du midi brûlant courbent la tige.

DIOTIME.

Prends garde, Sapho, prends garde.