Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/354

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Elle s’est éloignée ; et, dans cet instant, Phaon s’est approché de moi ; il m’a parlé de Cléone, et j’ai confirmé le refus qu’elle avoit prononcé le matin.

SAPHO.

Ah ! c’est trop, beaucoup trop de sacrifices pour une simple femme ; il est temps de rendre le bonheur à tous. Diotime, allez trouver Phaon, et priez-le de ma part de venir ici me parler.

DIOTIME.

Phaon !

SAPHO.

Ne crains pas que ton amie s’abaisse devant celui qui l’a dédaignée. Tu peux le faire venir, tu le peux.

DIOTIME.

Il suffit : je t’en crois.


Scène II.


SAPHO, seul.

Oh ! que le sacrifice de soi-même est douloureux ! D’où vient qu’il en coûte tant de renoncer à ce phantôme qu’on a poursuivi, à ce bonheur qui a fui devant nous, comme les feux qui égarent le voyageur dans le désert ? C’en