Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/59

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L’ERMITE.

Ah, Dieu ! un époux, un père !…

GENEVIÈVE.

Vous frémissez, mais vous ne savez pas, mais j’ignore aussi moi-même de quels moyens Golo se servit pour tromper mon époux. Cet homme si fier et si sensible, que ne dut-il pas éprouver quand il me crut coupable ? Ah ! jusque dans sa colère, je reconnois son amour.

L’ERMITE.

Ma fille, puisque vous me permettez ce nom, vous jugez encore selon le monde ; mais devant Dieu, il est bien criminel, celui qui se venge : l’offense même qu’il auroit reçue ne l’excuseroit pas.

GENEVIÈVE.

Ah ! ma vie étoit à lui, il a pu s’en croire le maître. Enfin, grâce au ciel, mon sang ni celui de mon enfant ne retomberont point sur la tête de mon époux. Dieu, qui lui a épargné ce crime, vouloit sans doute un jour lui pardonner. Un homme de confiance de Golo se chargea de ma mort, il me conduisit dans cette forêt, et, prêt à me poignarder, mes larmes l’attendrirent ; je pleurois pour mon enfant qui venoit de naitre ; il eut pitié de nous ; mais