Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vous avez l’air tout jeune ; on diroit que vous êtes à peu près de mon âge. Comment se fait-il que vous n’ayez point de pitié ?

ADOLPHE.

Petite, levez-vous. Puisque vous aimez cette biche, je veux bien l’épargner. Mais que dira mon père, quand il saura que je suis venu toujours en chassant jusqu’ici, que j’ai parcouru plus de vingt lieues sans rien tuer ?

L’ENFANT.

Sans rien tuer ! Est-ce pour cela que vous êtes si bien vêtu, qu’on entend de si beaux sons autour de vous ? Et moi donc, si je ne vous avois pas prié, m’auriez-vous traitée comme ma biche ?

ADOLPHE.

Y pensez-vous, chère petite ! comment vous comparez-vous à cet animal ?

L’ENFANT.

Comme vous appelez ma biche ! savez-vous qu’elle m’a nourrie dans le désert où j’ai passé toute ma vie ?

ADOLPHE.

Ah ! que vous avez dû vous ennuyer ! Moi, j’ai passé les Pyrénées ; j’ai été en Espagne, j’ai fait la guerre.