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MAROUSSIA

vercles, laisse tomber les cuillers, verse d’une bouteille à l’autre, grimpe sous le toit pour prendre des andouilles fumées, court au jardin, etc., etc…

Tous ces apprêts, qui promettaient beaucoup à l’affamé soldat, le tenaient dans une attente continuelle ; il croyait à chaque instant voir apparaître quelque plat superbe : il humait déjà l’air, l’eau lui venait à la bouche ; il avait tous les tressaillements, tous les frissons de la convoitise ; il se promettait un tel régal qu’il oubliait tout au monde, ou, pour mieux dire, il ne voyait le monde que confusément, à travers un amoncellement de pâtés, d’andouilles, de fromages, de viandes et autres friandises.

« Écoute donc, écoute, barine[1], ne te donne pas tant de peine, disait-il de temps en temps. Je serai content de peu… je veux dire, je serai content de ce que je vois là-bas. Oui, je serai content.

— Non, non, répondait le vieux Knich, non ! permettez que je vous présente quelque chose de convenable ! Permettez-moi, monsieur… puis-je demander votre nom ?

— Je me nomme Ivan, » répondit le soldat avec un soupir, mais tout à fait désarmé par la franche hospitalité du vieux campagnard.

« Eh bien, monsieur Ivan, » il faut me permettre de vous présenter ce qu’il y a de meilleur dans ma

  1. Barine, mot ruthène équivalant à maître et patron.