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PAROLES ET MUSIQUE.

« Quel crime expiait donc ce petit peuple ? Aucun ! Il était bon à prendre.

« Qui sait cependant si un jour ce peuple fort, attaqué par un peuple plus fort encore, n’aura pas à subir la peine du talion ?

« Et si cela arrive, au nom de quelle justice les vainqueurs d’aujourd’hui, devenus les vaincus de demain, essayeraient-ils de faire monter leurs plaintes jusqu’au Très-Haut ? »

En écoutant le simple rapport des faits, dont quelques-uns ne cherchaient pas l’application, d’autres la faisaient. Pour ceux-ci, cela était clair.

Des conversations animées s’engagèrent.

« Diable ! diable ! se dit l’officier qui tout à l’heure se plaignait d’avoir eu trop longtemps les yeux secs. Cette vieille chanson des temps passés va bien droit à notre adresse. Le vieux chanteur s’en serait-il douté ? Il faut croire que le monde n’a guère changé depuis des centaines d’années qu’on la chante.

— Attrape ! dit le petit jeune homme. Ce chanteur n’a pas tort, après tout, mais à quoi servira sa leçon ? L’ordre est donné, il faut marcher.

— De quoi se plaignent-ils ? dit un autre : « L’Ukraine aux Ukrainiens, » que veut dire ce cri ? On ne veut pas la manger, leur Ukraine. Ces atomes sont fous. Est-il donc si désolant, alors qu’on n’était rien qu’une fourmilière inconnue, de faire enfin partie d’un grand empire ?