Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/62

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pauvre casque, breveté contre le soleil, devenait à chaque minute moins sortable, moins solide, et mes vêtements de plus en plus déguenillés. En outre, il y avait là une plante aux émanations fortes et âcres, dont les brins me fouettaient le visage et y produisaient une brûlure analogue à celle que le piment fait dans la bouche. Enfin l’air étouffé de cette jungle, un air moite et chaud, me suffoquait ; la sueur me coulait de tous les pores, trempant mes lambeaux de flanelle autant qu’aurait pu le faire une averse. Quand je fus dehors et que j’eus largement respiré, je me fis le serment de ne jamais traverser de nouveau ces fouillis d’épines, à moins de nécessité absolue.

Après une halte de trois jours, comme j’étais sans nouvelle de ma quatrième bande, j’envoyai Shaw et Bombay la chercher, avec mission de la presser le plus possible. Ils revinrent le lendemain, suivis des retardataires. Maganga me donna pour excuse la faiblesse de ses malades ; il ajouta qu’il leur fallait encore un jour de repos, que je ferais bien de partir et de l’attendre à la station voisine. D’après ce conseil, je levai le camp et me dirigeai vers Kingarou, qui n’était pas à plus de huit kilomètres.

Ce fut dans cette marche que la caravane rencontra la première jungle qu’il lui fallut traverser ; malgré le sentier que nous y trouvâmes, on eut beaucoup de peine à en faire sortir la charrette.