Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/75

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trouvé chez Kigondo, un chef de village qui demeurait de l’autre côté de la rivière, à une distance d’un kilomètre et demi, et qui arrivait avec mes trois hommes pour recevoir sa récompense.

Après avoir enfermé notre déserteur, Kigondo avait vu venir ceux qui le poursuivaient. « Maîtres, leur avait-il crié, qu’est-ce que vous cherchez comme cela ? – Nous cherchons, répondirent-ils, un homme qui a déserté notre maître ; voilà ses pas ; s’il y a longtemps que vous êtes là, vous avez dû le voir. Pourriez-vous nous dire où il est ? – Oui, nous leur avons dit ; il est chez nous ; si vous voulez venir nous vous le rendrons ; mais votre maître nous récompensera pour l’avoir pris. »

Mon déserteur fut mis aux fers, après avoir reçu vingt-quatre coups de fouet. Quant au bon chef, je lui donnai quatre mètres d’étoffe, et à sa femme cinq rangs de perles rouges, dites de corail, ou samé samé.

L’averse que nous venions de subir devait clore la saison. La première avait eu lieu le 23 mars, nous étions au 30 avril. Ainsi la masica n’avait duré que trente-neuf jours.

Après deux journées de barbotage, nous atteignîmes la Roudéhoua, qui formait alors une rivière coulant à pleins bords. Comme nous sortions du fourré qui couvre la rive droite de l’un de ses affluents, nous nous trouvâmes en face d’une immense nappe d’eau, d’où émergeaient les cimes d’arbres épars avec des touffes d’herbes largement disséminées, et que bornaient les montagnes du Sagara, éloignées d’une vingtaine de kilomètres. Nous ne pouvions pas nous