Page:Stendhal - Écoles italiennes de peinture, II, 1932, éd. Martineau.djvu/38

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fit ce tableau pour Albert Pratonieri, ainsi qu’on le voit par un acte qu’il signa en 1522, l’année qu’il termina la coupole de Saint-Jean à Parme, mais ce tableau ne fut fini qu’en 1527.

Peut-être ce retard lui servit-il à observer de plus près les effets du clair-obscur et a chercher les moyens de le faire contribuer davantage à la beauté de la scène qu’il voulait représenter. Il avait le dessein de faire naître la lumière du corps de l’enfant, chose que jusqu’alors le seul Raphaël avait imaginé.

L’effet du tableau de la Nuit est si délicat et tient tellement à la couleur que pour peu que le temps eût fait souffrir ce tableau, il serait entièrement perdu. Heureusement, il est très bien conservé. Ce sont de ces ouvrages qui, au premier aspect, remuent le cœur de l’ignorant comme celui de l’homme éclairé, mais non pas avec le même degré de plaisir. La nature est imitée avec un tel artifice que rien ne donne l’idée de la sécheresse ni même de la difficulté ; tout semble fait avec la plus grande facilité. La scène est au milieu des champs, la nuit va finir, on aperçoit à l’horizon l’aurore qui commence à naître, dans le lointain on voit des bergers qu’on distingue à peine. Plus près, saint Joseph qui conduit l’âne. La