Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/106

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Hélène, sans penser en aucune façon à ce qu’elle deviendrait six mois après, pas plus qu’à l’opinion qu’elle pourrait garder de lui.

De retour dans Albano, et l’après-midi même du jour où Jules étalait à tous les yeux les beaux habits qu’il avait rapportés de Rome, il sut par le vieux Scotti, son ami, que Fabio était sorti de la ville à cheval, pour aller à trois lieues de là à une terre que son père possédait dans la plaine, sur le bord de la mer. Plus tard, il vit le seigneur Campireali prendre, en compagnie de deux prêtres, le chemin de la magnifique allée de chênes verts qui couronne le bord du cratère au fond duquel s’étend le lac d’Albano. Dix minutes après, une vieille femme s’introduisait hardiment dans le palais de Campireali, sous prétexte de vendre de beaux fruits ; la première personne qu’elle rencontra fut la petite camériste Marietta, confidente intime de sa maîtresse Hélène, laquelle rougit jusqu’au blanc des yeux en recevant un beau bouquet. La lettre que cachait le bouquet était d’une longueur démesurée : Jules racontait tout ce qu’il avait éprouvé depuis la nuit des coups d’arquebuse ; mais, par une pudeur bien singulière, il n’osait pas avouer ce dont tout autre jeune homme de son