Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/196

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longtemps ; la signora de Campireali l’avait environné, lui aussi, de mensonges.

Hélène s’était réconciliée à demi avec cette mère si habile. Celle-ci désirant passionnément la voir mariée, pria son ami, le vieux cardinal Santi-Quatro, protecteur de la Visitation, et qui allait à Castro, d’annoncer en confidence aux religieuses les plus âgées du couvent que son voyage avait été retardé par un acte de grâce. Le bon pape Grégoire XIII, mû de pitié pour l’âme d’un brigand nommé Jules Branciforte, qui autrefois avait tenté de violer leur monastère, avait voulu, en apprenant sa mort, révoquer la sentence qui le déclarait sacrilège, bien convaincu que, sous le poids d’une telle condamnation, il ne pourrait jamais sortir du purgatoire, si toutefois Branciforte, surpris au Mexique et massacré par des sauvages révoltés, avait eu le bonheur de n’aller qu’en purgatoire. Cette nouvelle mit en agitation tout le couvent de Castro ; elle parvint à Hélène, qui alors se livrait à toutes les folies de vanité que peut inspirer à une personne profondément ennuyée la possession d’une grande fortune. À partir de ce moment, elle ne sortit plus de sa chambre. Il faut savoir que, pour arriver à pouvoir placer sa chambre dans la petite loge de la portière où Jules s’était réfugié un instant dans la nuit du combat,