Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/294

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qui est utile aux hommes. Une inquisition inexorable, et tellement inexorable qu’elle dura peu en Italie, et dut se réfugier en Espagne, venait d’être renforcée[1] et faisait peur à tous. Pendant quelques années, on attacha de très grandes peines à la non-exécution ou au mépris public de ces petites pratiques minutieuses élevées au rang des devoirs les plus sacrés de la religion ; il aura[2] haussé les épaules en voyant l’universalité des citoyens trembler devant les lois terribles de l’inquisition.

« Eh bien ! se sera-t-il dit, je suis l’homme le plus riche de Rome, cette capitale du monde ; je vais en être aussi le plus brave ; je vais me moquer publiquement de tout ce que ces gens-là respectent, et qui ressemble si peu à ce qu’on doit respecter. »

Car un don Juan, pour être tel, doit être homme de cœur et posséder cet esprit vif

  1. Saint Pie V Ghislieri, Piémontais, dont on voit la figure maigre et sévère au tombeau de Sixte-Quint, à Sainte-Marie-Majeure, était grand inquisiteur quand il fut appelé au trône de saint Pierre, en 1566. Il gouverna l’Église six ans et vingt-quatre jours. Voir ses lettres, publiées par M. de Potter, le seul homme parmi nous qui ait connu ce point d’histoire. L’ouvrage de M. de Potter, vaste mine de faits, est le fruit de quatorze ans d’études consciencieuses dans les bibliothèques de Florence, de Venise et de Rome.
  2. Édition de 1855 : le Romain pervers dont nous parlons aura. N. D. L. É.