Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/321

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naturelle. On lui demanda si des taches d’une telle grandeur pouvaient provenir d’une telle indisposition ; elle répondit que non, que les taches sur le drap étaient d’un rouge trop vif.

On envoya sur-le-champ ce renseignement à la justice de Rome, et cependant il se passa plusieurs mois avant que l’on songeât, parmi nous, à faire arrêter les enfants de François Cenci. Lucrèce, Béatrix et Giacomo eussent pu mille fois se sauver, soit en allant à Florence sous le prétexte de quelque pélerinage, soit en s’embarquant à Civita-Vecchia ; mais Dieu leur refusa cette inspiration salutaire[1].

Monsignor Guerra, ayant eu avis de ce qui se passait à Naples, mit sur-le-champ en campagne des hommes qu’il chargea de tuer Marzio et Olimpio ; mais le seul Olimpio put être tué à Terni. La justice napolitaine avait fait arrêter Marzio, qui fut conduit à Naples, où sur-le-champ il avoua toutes choses[2].

Cette déposition terrible fut aussitôt

  1. Beatrix avait le temps de se sauver à Florence ou en France sous prétexte de voyage. Un bâtiment de Civita-Vecchia faisait l’affaire. (Note de Stendhal sur le manuscrit italien qui parlait des lenteurs de la procédure mais n’envisageait pas la fuite.)
  2. Quelle rapidité de raisonnement et d’exécution ! C’est le siècle de Borgia (dont j’ai vu hier le portrait à la galerie Borghèse, et chez le comte B. à Milan). (Note de Stendhal sur le manuscrit italien.)