Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/78

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belle que l’on pût rencontrer. Je trouve écrit de lui qu’on ne pouvait le voir sans l’aimer.

» Comme je ne veux flatter personne, je ne dissimulerai point qu’un saint moine du couvent de Monte-Cavi, qui souvent avait été surpris, dans sa cellule, élevé à plusieurs pieds au-dessus du sol, comme saint Paul, sans que rien autre que la grâce divine pût le soutenir dans cette position extraordinaire[1], avait prédit au seigneur de Campireali que sa famille s’éteindrait avec lui, et qu’il n’aurait que deux enfants, qui tous deux périraient de mort violente. Ce fut à cause de cette prédiction qu’il ne put trouver à se marier dans le pays et qu’il alla chercher fortune à Naples, où il eut le bonheur de trouver de grands biens et une femme capable, par son génie, de changer sa mauvaise destinée, si toutefois une telle chose eût été possible. Ce seigneur de Campireali passait pour fort honnête homme et faisait de grandes charités ; mais il n’avait

  1. Encore aujourd’hui, cette position singulière est regardée, par le peuple de la campagne de Rome, comme un signe certain de sainteté. Vers l’an 1826, un moine d’Albano fut aperçu plusieurs fois soulevé de terre par la grâce divine. On lui attribua de nombreux miracles ; on accourait de vingt lieues à la ronde pour recevoir sa bénédiction ; des femmes, appartenant aux premières classes de la société, l’avaient vu se tenant, dans sa cellule, à trois pieds de terre. Tout à coup, il disparut.