Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lement que, par ce qu’elles lui révélaient à leur insu, le vicaire du prince comprit à peu près ce qui se passait dans ce couvent. Cinq ou six religieuses seulement étaient âgées ; une vingtaine, quoique jeunes, étaient dévotes, mais les autres, jeunes et jolies, avaient des amants en ville. À la vérité, elles ne pouvaient les voir que fort rarement. Mais comment les voyaient-elles ? C’est ce que le comte ne voulut pas demander aux femmes de chambre de Félize, et qu’il se promit de savoir bientôt en plaçant des observateurs autour du couvent.

Il apprit à son grand étonnement qu’il y avait des amitiés intimes parmi les religieuses, et que c’était là surtout la cause des haines et des dissensions intérieures. Par exemple, Félize avait pour amie intime Rodelinde de P… ; Céliane, la plus belle personne du couvent après Félize, avait pour amie la jeune Fabienne. Chacune de ces dames avait sa camériste noble qu’elle admettait à plus ou moins de faveur. Par exemple, Martona[1], la camériste noble de madame l’abbesse, avait conquis sa faveur en se montrant plus dévote qu’elle. Elle priait à genoux à côté de l’abbesse cinq ou six heures de chaque

  1. Stendhal écrit ici Thérèse, mais plus tard il changera ce nom pour celui de Martona, N. D. L. É.