Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/176

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moindres facilités pour voir Julien R… qui m’est attaché. Cette abbesse fera notre malheur à toutes. Enfin, il y a plus de quatre mois que je n’ai vu Julien, et il finira par m’oublier. L’amie intime de madame, la Signora Fabienne, est au nombre des huit sœurs portières ; un service en mérite un autre. Madame Fabienne, ne pourrait-elle pas, un jour qu’elle sera de garde à la porte, me permettre de sortir pour voir Julien, ou lui permettre d’entrer ?

— J’y ferai mon possible », lui dit Céliane, « mais la grande difficulté que m’opposera Fabienne, c’est que l’abbesse ne s’aperçoive de votre absence. Vous l’avez trop accoutumée à vous avoir sans cesse sous la main. Essayez de faire de petites absences. Je suis sûre que si vous étiez attachée à toute autre qu’à madame l’abbesse, Fabienne n’aurait aucune difficulté de vous accorder ce que vous demandez. »

Ce n’était point sans dessein que Céliane parlait ainsi.

« Tu passes ta vie à pleurer ton amant », dit-elle à Fabienne, « et tu ne songes pas à l’effroyable danger qui nous menace. Notre abbesse est si incapable de se taire [que] tôt ou tard ce qui est arrivé parviendra à la connaissance de notre sévère