Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/203

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espagnole, ont été imitées par tous les trônes d’Europe.

Cette reine, Élisabeth Farnèse, passa quinze ans de sa vie sans perdre de vue plus de dix minutes par jour son fou de mari. Cette cour, si misérable au milieu de ses fausses grandeurs, a trouvé un peintre homme de génie, digne de toutes les profondeurs de ses critiques et porté par le génie sombre du caractère espagnol, le duc de Saint-Simon, le seul historien qu’ait produit jusqu’ici le génie français. Il donne le détail curieux de tous les soins que se donna la reine Élisabeth Farnèse afin de pouvoir un jour lancer une armée espagnole et conquérir pour un des deux fils puînés qu’elle avait donné à Philippe V, quelqu’une des principautés de ce pays-là. Elle pouvait par ce moyen éviter la triste vie qui attend une reine douairière d’Espagne et trouver un refuge à la mort de Philippe V.

Les fils que le roi avait eus de sa première femme étaient complètement imbéciles, comme il convient à des princes légitimes élevés par la Sainte Inquisition. Un des favoris qui régneraient sur celui des deux qui serait roi pouvait très bien lui faire trouver nécessaire et politique de jeter en prison la reine Farnèse, dont le bon sens sévère et l’activité choquaient l’indolence espagnole.