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l’archevêque le menaça de faire refuser l’absolution par tous les prêtres du diocèse, à l’époque de Pâques, à sa fille Rosalinde si elle portait la bague espagnole. Par l’avis de son vieux aumônier, le prince offrit à l’archevêque le mezzo termine de faire fabriquer une bague aussi semblable que possible à l’aide d’un diamant pris dans le majorat dont jouissent les princesses de Bissignano. Dona Ferdinanda se montra profondément irritée.

Irritée de cette soustraction que l’on prétendait faire à son écrin, elle prétendait que le diamant qu’on lui enlevait fût remplacé par la bague donnée par la reine. Le prince, monté par une vieille duègne de la maison et qui formait sa camarilla, fut d’avis que cette entrée de la bague de Rosalinde dans l’écrin du majorat pouvait, après la mort de lui, prince, la priver de la propriété de la bague et, si la reine s’apercevait de la substitution, ôterait à sa fille le moyen de jurer sur le sang de San Gennaro que la bague était toujours en son pouvoir, ce que d’ailleurs elle pouvait prouver en courant la prendre au palais de son père.

Ce différend, que Rosalinde ne prit point à cœur, troubla pendant quinze jours tout l’intérieur de la maison du prince. Enfin, par les conseils de son aumônier, la bague