Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/219

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diriger ses démarches, elle pourrait, par la moindre démonstration sur le Rhin, attirer l’attention de cette toute-puissante maison d’Autriche qui menaçait sans cesse d’engloutir Naples. Nous ne dissimulerons point que la faveur fort réelle du roi ne poussa un peu loin quelquefois la légèreté du caractère de Don Gennarino.

Un jour qu’il se promenait à pied sur le pont de la Madeleine, qui est la grande route du Vésuve, avec le marquis de Charost, arrivé de Versailles depuis deux mois, il prit fantaisie à ces deux jeunes gens de monter jusqu’à la maison de l’ermite que l’on aperçoit sur la montagne, à mi-chemin du Vésuve. Monter à pied jusque-là était impraticable, car il faisait déjà chaud ; envoyer un de leurs laquais chercher des chevaux à Naples était bien long.

À ce moment Don Gennarino aperçut à une centaine de pas devant eux un domestique à cheval dont il ne reconnut pas la livrée. Il s’approcha du domestique en lui faisant compliment sur la beauté du cheval andalou qu’il conduisait en laisse.

— Fais mes compliments à ton maître, et apprends-lui qu’il m’a prêté ses deux chevaux pour aller là-haut jusqu’à la maison de l’ermite. Dans deux heures, ils seront au palais de ton maître ; un des