Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/274

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n’était pas d’accord avec Votre Excellence. Je me connais dans ces sortes d’affaires ; il faut la cacher dans un fourré et la coucher à terre ; nous la couvrirons du manteau. Pour nous, laissons-nous voir des soldats et attirons-les à l’autre extrémité du jardin. Là, nous tâcherons de leur faire croire que nous nous sommes sauvés par-dessus le mur ; puis nous reviendrons ici et tâcherons de sauver mademoiselle.

— Je voudrais bien ne pas te quitter, dit Scolastique à Gennarino. Je n’ai pas peur, et je me tiendrai trop heureuse de mourir avec toi.

Ce furent les premières paroles qu’elle prononça.

— Je puis marcher, ajouta-t-elle.

Mais la parole lui fut coupée par un coup de fusil qui partit à deux pas d’elle, mais qui ne blessa personne. Gennarino la reprit dans ses bras ; elle était mince et assez petite, et il la portait sans peine. Un éclair qui survint lui fit voir douze ou quinze soldats sur la gauche. Il s’enfuit rapidement vers la droite, et bien lui en prit d’avoir pris vite sa résolution, car presque au même moment une douzaine de coups de fusil vinrent cribler de balles un petit olivier…