Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/46

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Le frère Antoine de Salazar, autre capucin, termine sa déposition par ces paroles :

— Je voulais me retirer du pavillon par scrupule de conscience, pour ne pas la voir mourir ; mais la duchesse me dit :

— Ne t’éloigne pas d’ici, pour l’amour de Dieu.

(Ici le moine raconte les circonstances de la mort, absolument comme nous venons de les rapporter.) Il ajoute :

— Elle mourut comme une bonne chrétienne, répétant souvent : Je crois, je crois.

Les deux moines, qui apparemment avaient obtenu de leurs supérieurs l’autorisation nécessaire, répètent dans leurs dépositions que la duchesse a toujours protesté de son innocence parfaite, dans tous ses entretiens avec eux, dans toutes ses confessions, et particulièrement dans celle qui précéda la messe où elle reçut la sainte communion. Si elle était coupable, par ce trait d’orgueil elle se précipitait en enfer.

Dans la confrontation du frère Antoine de Pavie, capucin, avec D. Léonard del Cardine, le frère dit :

— Mon compagnon dit au comte qu’il serait bien d’attendre que la duchesse accouchât ; elle est grosse de six mois[1],

  1. Par l’œuvre de qui était-elle grosse ? (Note de Stendhal, sur le manuscrit italien).