Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/247

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sommes-nous pas convenus que les passions varient toutes les fois qu’on avance de cent lieues vers le Nord ? L’amour est-il le même à Marseille et à Paris ? Tout au plus peut-on dire que les pays soumis depuis longtemps au même genre de gouvernement offrent dans les habitudes sociales une sorte de ressemblance extérieure.

Les paysages, comme les passions, comme la musique, changent aussi dès qu’on s’avance de trois ou quatre degrés vers le Nord. Un paysage napolitain paraîtrait absurde à Venise, si l’on était pas convenu, même en Italie, d’admirer la belle nature de Naples. A Paris, nous faisons mieux, nous croyons que l’aspect des forêts et des plaines cultivées est absolument le même à Naples et à Venise, et nous voudrions que le Canaletto, par exemple, eût absolument la même couleur que Salvator Rosa.

Le comble du ridicule, n’est-ce pas une dame anglaise douée de toutes les perfections de son île, mais regardée comme hors d’état de peindre la haine et l’amour, même dans cette île : madame Anne Radcliffe donnant des noms italiens et de grandes passions aux personnages de son célèbre roman : le Confessionnal des Pénitents noirs ?

Je ne chercherai point à donner des grâces à la simplicité, à la rudesse parfois choquantes du récit trop véritable que je soumets à l’indulgence du lecteur ; par exemple, je traduis exactement la réponse de la duchesse de Palliano à la déclaration d’amour de son cousin Marcel Capecce. Cette monographie d’une famille se trouve, je