Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/353

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robe ne convient pas encore à votre âge ; l’étoffe en est roide et fort incommode à porter, je vous jure. » Ces raisons ne sont point comprises, et les larmes redoublent, il est arrivé un autre accident bien pire à la pauvre Italie ; Napoléon, qui n’a pas pu lui donner des lois justes et son Code civil, a changé ses mœurs.

Il voulait une cour et une cour composée de nouvelle noblesse, puisque l’ancienne était autrichienne et dévote. Tout le monde voit que la première nécessité d’une cour qui prétend au respect et à l’influence, c’est qu’on ne se moque pas d’elle. Toute force dans l’opinion, toute moquerie même innocente, était d’un souverain danger. Il fallait que l’Italie perdit l’habitude du sonnet satirique, car, si l’opinion commençait à s’égayer sur les chambellans et les écuyers cavalcadours, où s’arrêterait-elle ?

Il fallait donc qu’il n’y eût pas centre d’opinion hors de la cour, pas de salon amusant, et que les nouvelles duchesses eussent des mœurs sévères et ne prêtant pas du tout à la plaisanterie, la plaisanterie, la seule chose au monde dont Napoléon ait eu peur.

Tout le monde voit qu’il était plus facile pour le roi d’Italie de faire un maréchal ou un duc dont on eût peur qu’une duchesse de laquelle on ne se moquât point.

Il suffisait de donner du pouvoir au duc ; mais il fallait avant tout, pour qu’on ne se moquât pas de la duchesse, qu’elle ne prêtât pas à la plaisanterie. De là pour le despotisme du roi d’Italie la nécessité de changer les mœurs ; et il créa deux écoles pour les jeunes