Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/26

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que le bas peuple italien. Ils joignent à toute l'ignorance de nos paysans, un cœur faux et traître, la plus sale lâcheté et le fanatisme le plus détestable. Je ne suis pas surpris que l'impiété soit née en Italie : la meilleure religion, avec de pareils prosélytes, se ferait détester. Dernièrement le grand vicaire, qui commande les armées de ce canton, leur a donné une instruction unique dans son genre. Si j'avais pu me la procurer, je te l'aurais envoyée, quoique italienne ; le g[rand]-p[ère] aurait pu te l'expliquer ; elle contenait, après toutes les lamentations possibles contre les impies de Français, que les vaches dont nous boirions le lait mourraient, que les vignes dont on nous donnerait le vin se dessécheraient, enfin, que les maisons où nous habiterions seraient consumées de la foudre. On se consolerait de ces absurdités s'il n'y avait que cela, mais dès qu'un Français s'éloigne dans les terres les balles pleuvent ; les houzards du 10e ont trouvé le curé du village voisin, où ils sont stationnés, mettant le feu aux fermes pour nous éloigner d'ici. Tu juges comme nous sommes environnés d'hommes de bonne volonté. Je t'assure que nous regrettons la France et la Suisse ; au moins là nous aurions affaire à des hommes. Nous n'avons pas même de livres. Toute