Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/97

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marchand de laine à Stratford en Angle­terre ; il aimait la chasse, qui était alors défendue en Angleterre comme en France avant la Révolution ; il tua un daim dans le parc du seigneur de Stratford, qui lui fit payer l'amende. Lui, piqué de cela, lui vola quelques daims et s'enfuit à Londres. Là, n'ayant pas le sou, il se fit gardien de chevaux à la porte du théâtre, ensuite comédien, ensuite auteur. C'est donc à son amour pour la chasse et à la bêtise du seigneur de Stratford qu'il dut son génie.

C'est un hasard à peu près semblable qui décida le goût de Molière pour le théâtre. Son grand-père aimait la comédie ; il l'y menait souvent ; le jeune homme vivait dans la dissipation : le père, s'en apercevant, demande en colère si l'on veut faire de son fils un comédien ? — « Plût à Dieu, répondit le grand-père, qu'il fût aussi bon acteur que Mon-trose ! » Ce mot frappe le jeune Molière ; il prend en dégoût le métier de tapissier, et la France doit son plus grand comique au hasard de cette réponse.

Milton, l'auteur du sublime Paradis perdu, était employé auprès de Cromwell ; cet usurpateur meurt ; son fils Richard lui succède ; il est badaud, on le chasse de l'Angleterre ; Milton perd sa place ; il est emprisonné, puis relâché, ensuite