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CHAPITRE II - NICOLAS PISANO

Au milieu des fureurs des Guelfes et des Gibelins, rien n’annonçait à l’Italie, vers l’an 1200, qu’elle fût sur le point de voir ses villes se remplir des chefs d’œuvre de l’art. Une seule observation pouvait indiquer les succès qui attendaient ce peuple, si son étoile lui laissait le temps de respirer. C’est que, depuis trois siècles, chaque Italien se battait parce qu’il le voulait bien, et pour obtenir une certaine chose qu’il désirait. Les passions de chaque individu étaient mises en mouvement, toutes ses facultés développées, tandis que, dans le sombre septentrion, le bourgeois des villes n’était encore qu’une espèce d’animal domestique, à peine sensible aux bons et aux mauvais traitements. Les passions, qui font la possibilité comme le sujet des beaux-arts, existaient[1]; mais

  1. A Florence, Giano della Bella, insulté par un noble, conspire pour la liberté, et réussit en 1293. En 1816, la féodale Allemagne n’est pas encore à cette hauteur. Werther : Mémoires de la margrave de Bereith, sœur du grand Frédéric.