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1810 — 26 avril.
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paris

moi pour aller chez Mme la comtesse Bcu[gnot], je déjeune ferme chez Hardy ; de là chez Mme Beu[gnot] et chez Mme Shepherdrie ; ses deux filles aînées viennent avec nous à Saint-Denis. Je suis peu malléable, la partie est froide. De là, au bois de Boulogne, etc.

Mais venons à l’essentiel : en rentrant à neuf heures de chez Mme Beu[gnot], je trouve une lettre de Paco., qui me dit que ce bon Faure peut espérer d’être remboursé de ce qu’on lui doit et que Babet viendra bientôt à Paris. L’espoir de revoir ces beaux yeux e l’angelico sembiante* m’a pénétré d’une vive volupté, beaucoup plus que l’autre nouvelle. Trait marqué de mon caractère. Je vais de là chez Mme Robert (au Val-de-Grâce) ; j’avais quelque envie de lui marquer froideur pour n’avoir pas été reçu hier chez elle. Il n’y a plus moyen de s’y refuser, elle m’aime[1]. Elle m’a adressé douze ou quinze fois la parole, et toujours pour me donner une marque de ce sentiment. Il faut prendre garde de prêter la profondeur que le métier d’observateur m’a donnée à une femme qui vient probablement d’éprouver seulement la puberté de caractère et qui suit un penchant sans faire la centième partie des raisonnements que je lui prête habituellement. La preuve de ses sentiments est d’autant plus claire que je ne l’ai pas aidée avec

  1. Soirée remarquable for the explicit passion* ; c’en fut le zénith, je crois. 2 mai 1810.